L’absence de caractère bénéficie de la considération, le caractère est traîné dans la boue, l’injustice célébrée comme ordre universel divin, les dommages sociaux recouverts par des mouches — bref: vulgarité, mensonge, corruption; corruption au sens le plus bas: tout pour de l’argent — pour tout de l’argent. Tout comme aucune filouterie politique, aucune filouterie industrielle ne l’est trop, n’est trop infâme, trop sordide, pour ne pas trouver dans cette presse un appui enthousiaste — pour de l’argent. Par l’intermédiaire de la presse, l’escroquerie boursière et le brigandage financier s’adonnent à leurs mystifications grossières; ils posent les pièges, tendent les filets et la presse le leur remplit — et remplit en même temps ses propres poches.
La presse quotidienne est le vrai miroir des situations dans l’État et la société; et à un historien impartial et impitoyable de l’avenir une année de parution de nos journaux suffira pour prononcer le verdict de condamnation sur les états de choses actuels dans l’Etat et la société.
— Wilhelm Liebknecht (en 1872), cité par Karl Kraus, «Die Presse» (1926).