«Parfois, au cœur même de la vie active, je sens brusquement que tout s’en va, que les choses quittent le monde, que les hommes se quittent les uns les autres. Alors je retourne à ma solitude, la vraie patrie de ma conscience. Ma solitude, ce n’est pas le silence et l’immobilité de la nuit aveugle, c’est le sanglot et le cri de joie de tous les destins humains et de toutes les exigences de la vie, depuis les débuts du monde jusqu’à aujourd’hui. C’est la rotation tourbillonnante d’innombrables soleils en face desquels celui qui nous chauffe n’est qu’un jouet, c’est le bourdonnement d’un million de cloches cosmiques dont les planètes sont les balanciers. Et à travers cet univers sans fin et sans nom est plantée, pareille à une colonne, du sommet jusqu’à la base, une épée de lumière — ma conscience.» — Ivo Andrić, Signes au bord du chemin, éd. […]
Un diplomate qui n’a pas sa langue dans la poche
Jack F. Matlock Junior aura bientôt 95 ans. Vétéran de la diplomatie étatsunienne, il a servi son pays sur le front de la Guerre froide et assisté en direct à la débâcle de l’URSS alors qu’il était ambassadeur en poste à Moscou de 1987 à 1991. Il nous a laissé quelques témoignages éloquents et quelques réflexions sardoniques sur l’après-guerre froide et les énormes erreurs géopolitiques de son pays.