
Ariane Bilheran
Rédacteur
Rationnelle et méthodique, mais aussi musicienne et poète, Ariane sonde les profondeurs de l’âme humaine avec autant d’ardeur et de patience qu’elle contemple les étoiles, pour percer les mystères de l’univers. Dans l’Antipresse, elle anime sa propre rubrique, la Lucarne, mais également l’Abécédaire du totalitarisme et les Portraits.
La lucarne d’Ariane Bilheran
«Il y a une fissure en toutes choses, c’est par là que la lumière y entre», chantait Leonard Cohen. De ces fissures, Ariane Bilheran a fait des lucarnes aussi bien pour recevoir la lumière du monde que pour projeter sur le monde la lumière de l’esprit. La Lucarne d’Ariane, c’est un échange captivant et passionné entre l’esprit et la matière, entre l’harmonie et la dissonance, la joie et la douleur — bref, une plongée au cœur du monde.
Les articles d’Ariane
Sexualisation des enfants: le sophisme des «droits sexuels»
À l’heure du grand déploiement d’une polyphonie idéologique dont l’ambition est de supprimer les droits humains pour conduire l’humanité vers un «transhumanisme» qui, en termes de dialectique, relève moins de la synthèse que de l’antithèse, il peut être utile de revenir sur ces grandes formules, qui se banalisent dans l’espace public de la propagande, telles que: «L’éducation à la sexualité est un droit humain.»
Comment en suis-je arrivée à concevoir la «psychopathologie du totalitarisme»?
En appliquant au phénomène du totalitarisme une clef de lecture psychopathologique, Ariane Bilheran a entamé une œuvre de pionnière et considérablement approfondi notre connaissance de ce phénomène jusque-là confiné à l’analyse sociopolitique. Sa vision originale s’imposant peu à peu comme une approche incontournable, il lui a paru utile de revenir aux origines et aux inspirations de son idée.
Le retour du calvinisme en Europe?
Genève est le siège des organisations internationales œuvrant à l’établissement d’un pouvoir mondial totalitaire et dont l’idéologie n’est pas cachée. Est-ce un hasard si cette ville fut aussi, comme l’a noté Stefan Zweig, le théâtre d’une première tentative d’uniformisation absolue, au nom d’une idée, de tout un peuple? Y aurait-il des parallèles transhistoriques et transidéologiques à tracer?
«L’Histoire splendide» ou la rébellion des mots
Écrire pour ne pas devenir fou. Combien d’âmes recluses ont-elles recouru à ce remède au temps de la dystopie sanitaire? Lire pour combattre le dessèchement spirituel: qui n’a pas eu recours à ce refuge? A la jonction des deux, une démarche «thérapeutico-littéraire» d’Ariane Bilheran. Et un livre, étrange, énigmatique, posé comme une métaphore du labyrinthe angoissant que nous avons traversé.
L’école des terroristes: les prémices de la Révolution russe
La révolution d’Octobre en Russie fit officiellement basculer le monde dans l’ère totalitaire. Elle fut précédée d’une intense lutte politique, sociale et idéologique dont le terrorisme fut l’un des fers de lance. Un «témoin de l’histoire», imaginé par un romancier russe, a livré la psychologie des jeunes militants qui se sacrifièrent pour l’instauration d’un rêve de liberté qui finit en cauchemar. Est-ce un hasard si le roman portait en sous-titre «le livre des fins»?
S’arrêter un instant sur le Kairos
L’art de saisir l’occasion n’est pas une science exacte. Elle n’est pas transmissible ni reproductible selon des critères extérieurs, car elle convoque davantage l’intuition que la raison, cette qualité qui crée les génies, les grands hommes, les fins stratèges, les bons médecins ou même les grands séducteurs.
Et l’œuvre de Klemperer aujourd’hui?
A l’époque de la publicité omniprésente, la réflexion de Klemperer demeure d’une actualité aiguë. Mieux que tout le monde, il avait compris le pouvoir d’envoûtement et de dépossession de soi que véhiculaient les mots de la langue.
Philosophie de l’Éducation: s’éclaircir les idées
Est-il encore possible d’éduquer les enfants? Nous en doutons de plus en plus — et nous sentons aussi que c’est une catastrophe sans précédent. Ariane Bilheran revient ici sur ce qui constitue les piliers d’une éducation, autrement dit les critères fondamentaux d’une société civilisée.
Gabriel García Márquez, la rumeur et la contagion délirante
Gabriel García Márquez n’était pas seulement le romancier génial de *Cent ans de solitude* et d’autres grandes œuvres. Il écrivit beaucoup de contes, dont certains sont publiés. Parmi ces contes, l’un d’entre eux n’a, à ma connaissance, jamais été inséré dans un livre. Il s’intitule «Algo muy grave va a suceder en este pueblo»: «Quelque chose de très grave va arriver au village».
García-Márquez: sur les traces de Simón Bolívar
«On ne meurt pas quand on veut, mais seulement quand on peut». Cette phrase, issue de son chef-d’œuvre *Cent ans de solitude*, Gabriel García Márquez semble la prédestiner à son roman sur les derniers instants de la vie de Simón Bolívar, *Le Général dans son labyrinthe.
García Márquez et le réalisme magique de la Colombie
L’auteur de «Cent ans de solitude» est plus qu’un écrivain: une légende latino-américaine et un monument national dans un pays déchiré en proie à la violence. L’impact de son œuvre est l’une des plus belles illustrations de la puissance thérapeutique de la littérature.
Anneke Lucas: itinéraire d’une enfant jetable
A six ans, Anneke Lucas a été vendue à un réseau pédophile. Pendant des années, elle a été exploitée comme esclave et «vestale» sexuelle. Aujourd’hui, elle consacre sa vie à mettre en lumière cette «pyramide de la souffrance» où elle a failli elle-même être ensevelie. Anneke est une survivante et un témoin de premier rang sur l’un des pires maux de l’humanité. Son récit est dur et insoutenable. On peut le rejeter et fermer les yeux sur ce continent caché. Mais on ne peut éviter de se poser la question: et si tout ceci est vrai, dans quel monde vivons-nous en réalité? Cet entretien a été réalisé en septembre 2023.