Le totalitarisme et les masques de la vertu 2/2
Délation et fabrication de la haine: la «bonne conscience»
Délation et fabrication de la haine: la «bonne conscience»
On a longtemps cru en Europe au progrès, ce fut notamment le cas aux XVIIIe et XIXe siècles. Mais à l’époque déjà, des auteurs mettaient en garde leurs contemporains: il y a toujours une contrepartie au progrès.
Les incontournables de la semaine sélectionnés par Slobodan Despot
Ariane Bilheran, normalienne (Ulm), philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, auteur de nombreux livres dont «Psychopathologie du totalitarisme».
Les paysages sont le Miroir des populations. Dans l’Europe de la fin du XXe siècle, notre lien à la géographie reste nostalgique, car la géographie témoigne de la plus ancienne écriture du Monde, à travers la quelle nous cherchons un monde é notre ressemblance et qui nous parle. Administrer la France veut dire d’abord conserver le Miroir. Massacrer les paysages est l’équivalent de brûler des livres, ces images de nous-mêmes; défigurer le territoire est un meurtre d’image. Mais l’homme réinvente indéfiniment l’horizon. Attendons pour voir ce que produira la nouvelle illusion de l’individu sans lieu, l’être délocalisé et démuni de limites, un nomade de caricature, l’homme fusionnel qui ne connaîtrait que le Grand Tout mondial folklorisé, ignorant de l’universel et du particulier. Quelle Administration se prépare pour une société de cette sorte, vidée de l’idée même d’habiter? — Pierre Legendre, Miroir d’une nation: l’Ecole Nationale d’Administration, p. 31.
Pour tous ceux qui ont eu le privilège de découvrir les îles Solovki dans la mer Blanche, ou l’archipel de Valaam sur le lac Ladoga ou encore l’ile Kiji sur le lac Onéga, il est inutile de décrire la beauté des lieux et le sentiment qu’on a d’entrer dans un univers empreint de spiritualité, suspendu entre ciel et eau.
La célébration d’un ancien SS par le parlement canadien n’est pas seulement une obscénité et une faute politique. C’est surtout une apothéose de la bêtise rugissante qui s’est emparée de l’élite dirigeante. À ce stade-là, ce ne sont plus des cas isolés, c’est une pandémie.
Quel que soit le domaine, l’Occident ne semble plus capable de corriger sa course, encore moins de faire machine arrière. En fait, il ne voit même pas le problème. Mais quel est donc ce voile qui lui recouvre les yeux?
De quoi les masques «sanitaires» sont-ils le masque? D’une idylle avec le fumeux «Bien commun», ce principe de nivellement grégaire qui est l’un des moteurs essentiels de la dérive totalitaire.