Les yeux grands fermés
Quel rapport entre l’épidémie d’overdoses qui secoue l’Amérique, les scandales pharmaceutiques et le film-testament de Stanley Kubrick? Aucun, bien entendu. Sauf dans les rêves narcotiques de l’Amérique hypernormalisée.
Quel rapport entre l’épidémie d’overdoses qui secoue l’Amérique, les scandales pharmaceutiques et le film-testament de Stanley Kubrick? Aucun, bien entendu. Sauf dans les rêves narcotiques de l’Amérique hypernormalisée.
Nous sommes témoins d’événements dont l’ampleur nous écrase. La disproportion semble ridicule avec des époques où les caractères nous semblaient à la hauteur des défis. À moins que ce soit l’inévitable distorsion du temps qui nous leurre? Qui nous dit que les contemporains de la chute de Constantinople, de la Révolution française ou de la Grande Guerre n’étaient pas aussi timorés, aussi incompétents et aussi corrompus que ceux qui se retrouvent à piloter nos destinées alors que leurs pieds ne touchent pas terre? À moins, aussi, que nous ayons les lorgnons si bien ajustés sur la bassesse qu’il nous soit impossible de voir la grandeur? De cette Amérique qui agonise, par exemple, ne voit-on pas émerger des figures épiques?
Ce fortin d’où est partie la conquête de Kazan est devenu un grand centre de mission spirituelle, puis une prison et un asile de fous. Le destin de Sviajsk semble contenir à lui seul la folie totalitaire du XXe siècle. On y garde le souvenir de certaines scènes parmi les plus bizarres et les plus diaboliques de la Révolution bolchevique. Deuxième et dernière étape de notre excursion au Tatarstan…
Kazan, forteresse de la Volga et porte de l’Orient, est l’un des hauts lieux de l’empire russe. C’est aussi un creuset d’énergies archaïques qu’on peine à décrire par les mots. Les images et les mythes le rendront mieux.
Ce récit n’est pas un journal de vacances. Il y aurait bien d’autres choses à raconter, drôles ou pittoresques. C’est un essai sur la dissonance cognitive entretenue comme une arme de guerre et un levier d’asservissement. L’ancrage dans le réel est le seul remède à cette hypnose.
Quand le pouvoir totalitaire exige tout de ses sujets, la simple non-participation devient un acte de résistance. Les non-participants sont partout autour de vous. Encore faut-il savoir les reconnaître. Il y a plus d’un siècle, le grand Hermann Hesse nous avait fourni un prototype.
La pédophilie est à la mode, la pédophilophobie encore davantage. Elle est le moteur du phénomène cinématographique de cet été 2023. Mais de quoi ce film nous parle-t-il exactement? Et que pouvons-nous en faire?
Pourquoi les vérités importantes empruntent-elles de plus en plus le canal des «fuites»? Pourquoi les pays, les communautés et les individus n’osent-ils plus dire ce qui les préoccupe vraiment ni livrer le fond de leur pensée? Quel mauvais génie a jeté un sort sur la citadelle Europe pour que ses habitants soient réduits à s’exprimer par signes et allusions, comme des otages menacés de mort?
L’orthodoxie est-elle un facteur dans la géopolitique actuelle? Son poids se mesure-t-il par le nombre des fidèles et la fréquentation des églises, ou par des paramètres plus subtils? On pourrait croire ces questions marginales ou surannées, elles soulèvent pourtant les passions.