Arnaud Dotézac

Arnaud Dotézac

Rédacteur

Juriste de formation, Arnaud Dotézac a toujours travaillé dans le monde des médias, notamment au sein de grands groupes européens, ce qui l’a conduit à un journalisme d'analyse croisant le factuel aux stratégies normatives des Etats. Arnaud a notamment dirigé les rédactions du magazine Market, publication suisse de haut vol traitant de finance, géopolitique et culture. Il offre régulièrement ses analyses relatives aux pays émergents au magazine Bilan et publie ses enquêtes lexicales dans l’Antipresse (rubrique « Sur ces mots »). En tant que « passager clandestin », il nous apporte également des éclairages précis et fouillés sur les affaires du monde, pour lesquels il intervient aussi, régulièrement, sur les ondes radio et les plateaux de télévision.

Il est l'auteur d'un livre étonnant sur la spiritualité et la géopolitique du Tibet : Les lamas se cachent pour renaître.

Prohiber l’avis contraire (la réplique) en le désignant comme repli psychotique, c’est passer du champ du débat démocratique à celui du diagnostic psychiatrique, c’est-à-dire de la libre confrontation des idées à la délégitimation par l’argument médical d’autorité. A ceux qui invoquent le « repli sur soi », répliquons-leur ce qu’est le droit de déployer ses idées en démocratie. Drone n° 38/Antipresse 148, 30.9.2018

Les articles d'Arnaud Dotézac

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Urgences!

Il y a urgence climatique dit-on. Clameur oppressante s’il en est puisque justement tel est son sens premier, venant du latin urgeo signifiant le fait d’exercer une pression physique. Chacun sait qu’une force est nécessaire au pressoir, une force d’autant plus efficace qu’elle s’applique aux surfaces planes ou aux volumes confinées. L’urgence aplatit, égalise et encaisse. Son dieu étrusque était Orcus, à la gueule béante et torve, un nom issu directement de l’indo-européen **u̯erg- ou *werǵʰ- («tordre»). Orcus avalait les âmes en affichant son rictus (lat. ringor, «tordu»), tel un ogre et les compressaient comme des sardines en un vase-caisson, son arche des morts. On pense à tort que l’urgence accélère. Intrinsèquement elle fige, elle écrase, elle ratatine. A moins qu’elle se meuve en colère assassine, comme le rappellent ses dérivés wracu, la «vengeance» des Saxons, würger l’«étrangleur» des Allemands, vrah le «meurtrier» slave, vrag (враг) l’«ennemi» des Russes. L’urgence inquiète (angl. worry). L’urgence est un tourment. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 210 du 08/12/2019.

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Les limaces et l’oubli

La manifestation parisienne des Frères Musulmans du 10 novembre visait-elle à oblitérer le souvenir des attentats religieux du Bataclan, du 13 novembre? Les Frères auraient-ils compris que, de nos jours, l’info qui s’impose en «Une» met les suivantes à l’oubli? On ne saurait mieux dire en se rappelant qu’oblivion (synonyme d’ancien français toujours en usage outre-Manche), procède du latin oblīvīscor, lequel portait le sens d’un acte d’«effaçure» volontaire, par frottement et lissage, lui-même contenu dans ob–lēvis racine latine de l’oubli(1). Autrement dit, cette étymologie nous confirme que l’oubli, ça s’active. Il ne procède donc pas tant d’une perte de mémoire, que d’un calandrage des esprits. Et si vous savez bien pommader le tout, vous obtiendrez ce beau ralliement contre l’Islamophobie. Pour le Bataclan, ce seront donc les redoutées oubliettes médiatiques, au mieux la léthargie des nounours et sucres d’orge. Car c’est bien de la source Lêthê que coulent de nos jours les gros titres. Le succès du moindre effort en somme, cher à tant d’esprits légers. N’est-il pas étonnant dès lors, que «légèreté» forme, justement, la racine profonde de l’oubli? Sa […]

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Affaire Biden, épisode 1: au paradis des emplois fictifs

En pressant le président ukrainien d’enquêter sur le fils Biden, Donald Trump a lourdement mis les pieds dans le plat. Mais que cache cet acharnement du «système» à défendre l’un de ses membres les plus typiques? Chronologie inédite d’une belle affaire familiale de trafic d’influence aux ramifications mondiales.

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Harponnons le radicalisme

L’agent-tueur Harpon s’était donc «radicalisé». C’est ce concept de «radicalité» qui a fait basculer son crime de droit commun dans la qualification juridique du terrorisme, pris en charge par un procureur spécial. Il n’existe pourtant pas de définition pénale du «radicalisme».

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La foire aux trans

Les migrants transmigrent, les transgenres se transsexualisent, les actifs se transfèrent, les règles se transgressent, les métadonnées transhumanisent, l’écologie se prône en transition, le peuple exige la transparence, etc. N’y a-t-il pas dans ce préfixe trans-, tant scandé, comme un écho de transcendance, cette supériorité incontestable, qui tout surpasse? Les démocrates, eux, jouent l’immanence, pensant pouvoir « rester » (lat. maneo), comme ils sont, chez eux. Immanence et transcendance: vieux débat perdu d’avance, en vérité, pour l’immanence, dans la transe des sociétés transplantées. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 198 du 15/09/2019.

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Le dollar, cette monnaie qui semond

On glose beaucoup ces derniers jours sur la baisse des taux de 0,25 point de pourcentage, annoncée par la FED. C’est en effet cette institution qui décide souverainement de la politique monétaire des États-Unis et, partant, du reste du monde. Il est loin le temps où l’on frappait monnaie aux abords du temple voué à Juno Moneta («Junon prévenante») sur le Capitole; moneta y portait encore le sens de présage que la Déesse Junon pouvait dispenser, comme parfois nos rêves prémonitoires nous avertissent du futur. Car tel est le sens premier de la racine moneo (avertir, recommander, conseiller, blâmer, etc.) de l’indo-européen **men*, «penser». En tout cas, la décision de la Fed n’aura pas été le coup de semonce (de semondre) qu’espérait tant Donald Trump, lui qui rêvait d’en remontrer à la Chine grâce à des taux beaucoup plus bas. Le Dollar n’est-il pas cela: une monnaie-monition? Qui ne se plie à sa loi s’expose en effet à toutes sortes […]

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Les grands médias ont-ils tout faux?

Donneraient-ils de fausses réponses, comme à l’école? Mais leur rôle n’est-il point plutôt de poser les bonnes questions? C’est là qu’est leur faux-pas: ne pouvant tenir, par métier, la fausse promesse d’un réel «objectif», ils en faussent le jeu, par conviction. Ils auront beau se défausser de toute allégeance politique, une telle fiction finit un jour faillant par les prendre en défaut. Qu’ils jouent de faux-semblants n’en fait pas pour autant des faux-jetons. C’est sans fausse modestie qu’ils se plaisent au jeu des porte-à-faux. Mais choisit-on de, contre eux, s’inscrire en faux, tels d’anciens fausseurs, qu’on est assuré d’un faux-feu. Car les grands médias ne jouent plus les juges du faux et du vrai mais du «fake». Un faux-ami venant du vieux norrois fága pour «poli, brillant, clinquant», d’où le sens figuré de «pacotille, artificiel». Un champ sémantique néanmoins relié au «faux» par la morale. Dès lors que les grands médias ne sont plus garants que du brillant bon ton, c’est au nom de leur morale qu’ils atournent les causes […]

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Retour au paradis

Tandis que la geste macronienne rêve déjà de transformer le parvis de Notre-Dame en paradis marchand, les manants jaunes cherchaient refuge dans l’enclos de «renfermement» de la Salpêtrière, comme on le nommait au XVIIe siècle. Un peu de paix derrière les murs, tel est bien le sens de paradis (doublet de parvis), depuis son ascendant grec παράδεισος, parádeisos, signifiant “mur d’enceinte” (peri-teixos). N’en déplaise aux Castano-sans-frontiéristes, c’est bien à l’abri des murs que se cache l’eden. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 179 du 05/05/2019.

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Ne pas faire le deuil des doléances du peuple

Les cahiers de doléances français seront bientôt dépouillés et savamment interprétés. Cette restauration d’une coutume d’Ancien Régime n’est certainement pas pour déplaire au locataire élyséen, au point qu’il pourrait en oublier les douleurs signifiées. Le président qui se plaisait récemment à rappeler que sa police n’avait encore endeuillé aucun «complice du pire», les aurait sans doute privés de toutes condoléances, tant le tourment des éborgnés du samedi le révèle indolent. Il est vrai que «le cœur ne veut doulloir ce que l’œil ne peut voir» comme disait sire Oudin (1611). Mais il ne faut jamais dédaigner l’affliction populaire, sauf à lui mijoter ce «pire». Le latin dolere, d’où proviennent doléance, douleur, deuil, etc. plonge en effet ses propres racines dans l’indo-européen commun delh1* qui signifie «diviser, sectionner, dépecer». C’est dire quel supplice un tel vocable invoque. La seconde racine indo-européenne probable dū̆- n’est pas moins terrifiante, puisqu’elle porte le sens de «destruction […]

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