Antipresse 352 | 28.8.2022 (D)
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Dans un discours effarant tenu il y a quelques jours à Bormes-les-Mimosas, le président français, tout juste revenu de vacances sur la Côte d’Azur, annonçait qu’il entendait faire «payer le prix de la liberté» à son peuple. Notre correspondant lui répond d’emblée dans cette lettre ouverte: ce sera sans nous!
On se souviendra longtemps de ce 20 août 2022, et pas seulement en Russie. L’assassinat de Daria Douguine marque un tournant. Malgré l’émotion et la colère qu’il a suscitées en Russie et dans les pays alliés, il ne changera sans doute rien au cours de la guerre, sinon qu’il durcira un peu plus la détermination des soldats russes. C’est bien plutôt dans les consciences et dans la dimension globale des événements que la déchirure devient béante.
Romancier célèbre, vétéran de la guerre de Tchétchénie, communiste et conservateur à la fois, apôtre de la liberté mais qui sait à l’occasion mettre les doigts sur la couture, Prilepine est l’une des figures les plus colorées et les plus paradoxales de l’intelligentsia russe actuelle.
L’assassinat de Daria Douguine était un travail de professionnels. Il a été imputé, arguments à l’appui, aux services spéciaux ukrainiens. Mais de quoi les services spéciaux ukrainiens, et l’État ukrainien en général, sont-ils le nom?
Nous raisonnons, nous analysons, nous «cherchons», mais nous ne pensons plus. Une science du contrôle et de la communication a transformé le réel en un ensemble de séquences narratives dont il est défendu de s’écarter. D’où ce sentiment que nous avons parfois d’être embarqués à bord d’un train fou.