Dans sa dernière émission TV intitulée «Chasse-Démons» (Besogon), l’acteur et cinéaste Nikita Mikhalkov dénonce l’ambition de Bill Gates à vouloir glisser des puces sous la peau de l’humanité entière, comme c’est déjà la règle pour nos troupeaux de vaches et nos animaux domestiques. Il ne fait ainsi que reprendre les critiques portées par Robert F. Kennedy Jr. contre le maître de Microsoft, qui se pose en génie bienfaiteur du genre humain. En Russie, il pointe du doigt un acteur important de la transition vers l’empire du Tout-numérique. Il s’agit de German Gref, ancien ministre de l’Économie et du Commerce connu pour ses vues très libérales et actuel directeur de Sberbank, la banque de crédit N° 1 de Russie dont il a fait un exemple d’efficacité numérique. La réaction ne s’est pas fait attendre. Mikhalkov est accusé de «complotisme extravagant» et la chaîne publique russe qui lui accorde un créneau dans ses programmes a supprimé les deux rediffusions de l’émission scélérate.
Autre intervention surprise de la censure de l’État profond russe, cette fois-ci pour clouer le bec de l’économiste et académicien Serguei Glaziev. En octobre dernier, Poutine s’est séparé de celui qui était son conseiller personnel dans le domaine de l’économie. Pour autant, Glaziev n’a pas gardé la langue dans sa poche et a maintenu ses critiques contre la politique économique du gouvernement, qui à ses yeux sert les intérêts des oligarques, des banques et des spéculateurs avant ceux du pays tout entier. Très récemment, il s’en est pris à la politique de la Banque Centrale et à la ligne libérale du gouvernement en matière financière et économique. La direction de la Banque Centrale a riposté en adressant une réprimande au ministère de tutelle de Glaziev pour faire taire le trublion.
Pour Olga Tchetverikova, professeure de géopolitique à l’Université des sciences humaines de Moscou, le règne qui vient est celui du «Big Data», de la soumission aux gourous supranationaux de la numérisation et de l’intelligence artificielle, qui ne connaît pas de frontières (5). En Russie, le superbanquier German Gref et le Premier ministre Michoustine — autre artisan de la révolution numérique dans le domaine fiscal — ont donné l’exemple et ouvrent la voie à des développements dans l’éducation, la médecine et l’administration. Selon Tchetverikova, loin de marquer la fin de la mondialisation, la crise que nous vivons lui donnera un nouvel élan sous la férule des maîtres de l’univers, Bill Gates en tête.
J.-M. Bovy/07.05.2020.
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